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simosoftdj
8 février 2006

Munich: des faits réels qui dérangent


Le 5 septembre 1972, pendant les Jeux olympiques de Munich qui, après les sombres Jeux de 1936, revêtaient une importance historique aux yeux du monde entier, huit terroristes palestiniens prennent en otage, dans la nuit du 5 septembre, dans le village olympique, onze athlètes de la délégation israélienne. Parmi ces derniers, deux seront abattus pendant l’opération. Sous le nom de Septembre noir, ce commando demande la libération de deux cents prisonniers palestiniens en Israël... Commence alors une angoissante attente, ponctuée par des ultimatums. L’opération d’évacuation tourne à la tragédie lorsque la police allemande, dépassée par les évènements, ouvre le feu sur le commando qui exécute les otages israéliens sur le tarmac d’un aéroport militaire de Munich... Aussitôt, l’Etat hébreu, représenté par son premier ministre, Golda Meir, décide de monter une opération de représailles ultrasecrète baptisée « Colère de dieu ». Sous la conduite d’un agent du Mossad, Avner (joué avec beaucoup de force par Eric Bana), quatre spécialistes vont traquer en Europe les cerveaux de cette prise d’otages...

    Mais le personnage le plus intéressant, c'est évidemment Avner. Homme ordinaire, il est une figure emblématique chez Spielberg, pour qui le principe de filiation revêt une grande importance. Avner existe en tant que "fils de", fils d'un ancien héros du Mossad - dont on ne connaît rien - et pour cette raison désigné au rang de meneur. Il est aussi père, celui d'un bébé dont l'absence lui pèse plus que tout, et dont l'amour lui permettra aussi de vaincre ses fantômes. Enfin, la relation quasi paternelle qu'il va entretenir avec "Papa" (Michael Lonsdale dans un rôle taillé sur mesure) finira de le plonger dans le doute. Avner est un pion au centre d'une lutte sans merci, tiraillé par de nombreuses questions : sa mission ne fait-elle pas de lui aussi un assassin, comme ceux qu'il pourchasse ? Pourquoi tuer un agent ennemi s'il est immédiatement remplacé, peut-être par pire ? Et enfin, tous ces meurtres vont-ils changer quelque chose, et sont-ils vraiment justifiés ? Les doutes d'Avner culminent dans la scène d'amour finale, débordante de haine et de colère : si Septembre noir a modifié un destin, ce n'est certainement pas celui des territoires en guerre, mais assurément celui des agents qui ont consacré leur vie à une cause dont ils ignorent les tenants et aboutissants. La dernière scène, dans le New York d'avant 11 septembre, rappelle qu'aujourd'hui la situation reste la même ; l'Histoire se renouvelle, nos erreurs aussi. 'Munich' s'inscrit dans ce devoir de mémoire qu'impose désormais plus qu'à son tour Steven Spielberg dans ses films, et devrait - encore une fois - mettre d'accord médias et grand public

  En décidant de traiter cette tragédie sous l’angle plus moral et humain que politique, Steven Spielberg prend le risque d’être largement critiqué en Israël - ce qui est déjà fait -. Dans ce thriller qui mêle à la fois l’action et la réflexion, il s’interroge sur le bien-fondé de la vengeance et stigmatise l’intransigeance, le véritable ennemi, selon lui, qui empêche tout processus de paix entre Israéliens et Palestiniens. Tout en condamnant sans équivoque la tragédie des JO de Munich, il conçoit son film comme une « prière pour la paix » et appelle à une réflexion commune entre Juifs et Arabes. Du coup, il s’attache surtout à observer les états d’âme de ce commando israélien mystérieusement renseigné par un Français surnommé « Papa » (Michael Lonsdale) et son fils (Mathieu Almaric). On est loin de l’histoire. Et c’est là où la fiction prend le pas sur la réalité qui revient au galop, à la fin du film, avec une vue des deux tours du World Trade Center.
  A l'instar de Woody Allen, réglé comme une horloge, il semble que Steven Spielberg sorte désormais un film par an. Et non des moindres. A l'occasion de la sortie de 'Munich', pleins feux sur celui qui a mis Hollywood à ses pieds.

   Après quelques films "faits maison", le plus court moyen pour Steven Spielberg d'accéder au cinéma était d'investir les studios. C'est ce qu'il fait - en tout cas c'est la légende qu'il s'est longtemps plu à raconter - dans les années 60, s'appropriant un bureau chez Universal et flânant pendant deux ans sur les plateaux... sans jamais être démasqué. L'expérience étant peu concluante, il revient à la charge par des voies plus officielles, voies qui aboutiront à la réalisation très remarquée du téléfilm 'Duel' en 1971. Mais sa carrière prend une réelle tournure avec son second long métrage, film qui a traumatisé toute une génération de spectateurs : 'Les Dents de la mer'. Unanimement reconnu comme le premier blockbuster de l'histoire du cinéma, c'est grâce à ce film, au tournage pourtant long et laborieux, que Spielberg devient une valeur sûre de la machine hollywoodienne, et peut désormais passer à des projets plus personnels sans craindre le refus des financiers.

  Le rêve était beau, il aura duré 11 ans, et finit en beauté avec un sujet brûlant que peu de réalisateurs auraient osé tourner : 'Munich'.

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simosoftdj
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